Cette
question existentielle, si elle s'écarte
de nos sujets techniques habituels, mérite
cependant d'être abordée. Elle
est traitée ici à travers une
expérience toute personnelle.
cours,
leçons Les
idées reçues associent généralement
"Tambour" et "Batterie-Fanfare".
Et pourtant, en observant autour de nous,
en assistant à des Festivals, des Concerts,
des manifestations populaires de rue (Corsos,
Fêtes de village, de conscrits, etc.
…), nous constatons pratiquement à
chaque fois que cette hypothèse n'est
pas vérifiable. Dans notre région
(plus ou moins les Monts du Lyonnais, autour
de la petite ville de Tarare), on voit des
Tambours il est vrai dans les Batteries-Fanfares,
mais elles n'en ont pas toujours, et puis
elles sont relativement peu nombreuses à
pouvoir se présenter en public. On
trouve des Tambours surtout dans les Fanfares,
Harmonies, autres ensembles instrumentaux,
le plus souvent avec des Clairons, parfois
aussi des Cors (mi bémol, bien sûr),
beaucoup plus rarement des Trompettes dites
"de cavalerie". Il y a fréquemment
quatre à six Tambours par Société
ou groupe musical. Pour avoir des éléments
concrets, je me suis modestement retourné
sur mes 35 années de cours de Tambour,
sur 37 possibles depuis l'année scolaire
1975-1976, et où tout a été
heureusement consigné. Ce sont tout
de même 123 élèves
qui ont bénéficié (du
moins je l'espère !) de mon enseignement.
Pour figurer ici il faut avoir suivi des cours
réguliers, hebdomadaires ou bi-mensuels,
voire exceptionnellement mensuels pour les
quelques-uns plus éloignés,
et cela sur au moins une année scolaire.
Cet historique a permis d'établir des
statistiques, dont certaines sont présentées
ci-dessous. A quatre exceptions près,
ces élèves sont tous issus des
deux départements de la Loire (42)
et du Rhône (69), très majoritairement
dans un rayon d'une quarantaine de kilomètres
autour du village de Chirassimont. Il ne s'agit
donc pas de sujets choisis ou sélectionnés,
mais bien d'une adéquation avec un
bassin de population, très majoritairement
rurale, de quelques dizaines de milliers d'habitants. Ils
viennent de 23 Sociétés ou
groupes musicaux : 8 Batteries-Fanfares,
10 Harmonies, 5 autres ensembles instrumentaux.
On compte 27 élèves féminines
(22%), et donc 96 masculins (78%). J'ai
classé le cursus en cinq niveaux, afin
de constituer et organiser des données
intéressantes à traiter, soit
: Débutants 1° cycle 2°
cycle 3° cycle Cycle Plus (ce dernier
niveau étant celui d'une plus haute
récompense, fin de cursus des Confédérations
musicales). L'identification à un
cycle signifie que l'élève en
a acquis, sinon tous, tout au moins la majeure
partie des éléments correspondants,
et de toutes façons ceux qui sont représentatifs
et essentiels. Selon ces critères,
à ce jour : 23 élèves
(19%) sont restés Débutants
(5 féminines et 18 masculins) 61
(49,5%) ont acquis un 1° cycle (14 féminines
et 47 masculins) 21 (17%) un 2° cycle
(6 féminines et 15 masculins) 10
(8%) un 3° cycle (1 féminine et
9 masculins) 8 (6,5%) le Cycle Plus (1
féminine et 7 masculins), dont 4 l'ayant
effectivement confirmé (1 Prix National
Fscf et 3 Prix Nationaux Cfbf). Cette pyramide
de niveaux semble correspondre assez bien
à ce que l'on peut constater par ailleurs,
et aussi dans d'autres instruments. J'ai
démarré 83 élèves
Débutants, dont 21 féminines. 11
ont commencé à l'âge de
7 à 9 ans 40 : de 10 à 11
ans 17 : de 12 à 13 ans 8 : de
14 à 15 ans 2 : de 18 à 20
ans 3 : à environ 30 ans 2 :
à environ 55 ans Pour 6 d'entre
eux, le Tambour était un deuxième
instrument. Les 40 autres élèves
pratiquaient déjà le Tambour,
avec plus ou moins de compétences,
parfois mêlées des inévitables
"mauvais plis", en équivalent
1°, 2° ou 3° cycle. Ils ont rejoint
mes cours entre l'âge de 12 ans et celui
de 60 ans. Les 123 ont travaillé
avec moi en moyenne près de 3 ans,
soit de 1 an à un maximum de 11 années. Il
y a eu entre 1 et 20 élèves
simultanément par année. Ils
sont 9 en 2011-2012. Si l'on met à
part la Société de Chirassimont,
premièrement parce qu'elle représente
à elle seule avec 34 élèves,
28% du total, et deuxièmement parce
que cette rare Formation E est reconnue comme
étant une Batterie-Fanfare seulement
à la Confédération Musicale
de France et à l'Union des Fanfares
de France, il reste donc 89 autres élèves
: 31 (25% du total) proviennent d'une Batterie-Fanfare
"classique" 35 (28% du total)
d'une Harmonie 23 (19% du total) d'autres
ensembles instrumentaux. Ces statistiques
viennent complètement étayer
les impressions mentionnées au début
de cet article. Et pour enfoncer un peu
plus le clou, parmi les 18 élèves
ayant à ce jour étudié
le 3° cycle ou le Cycle Plus, seuls 4
sont issus d'une Batterie-Fanfare "classique",
5 de la Société du petit village
de Chirassimont, et 9 d'une Harmonie ou d'un
autre ensemble instrumental. 49 élèves
(40%), dont 9 féminines, pratiquent
encore le Tambour, à des niveaux divers,
et à une fréquence plus ou moins
soutenue. Parmi eux, 16 (33%) sont dans une
Batterie-Fanfare "classique", 5
(10%) à Chirassimont, 28 (57%) dans
une Harmonie ou un autre ensemble. Ces
chiffres vont bien sûr continuer à
évoluer dans les années qui
viennent, avec les élèves actuels,
et sans doute l'arrivée de nouveaux. On
constate une grande diversité des élèves,
âge de démarrage, âge courant,
provenance, environnement et parcours musicaux,
buts recherchés, ce qui conduit inévitablement
à adapter l'enseignement, d'une façon
pragmatique, afin de parvenir à tirer
le meilleur de chacun. Une unique manière
de transmettre ne saurait être de mise.
Un ouvrage méthodique, au contenu large
et ordonné, constitue un outil précieux.
Le Professeur se doit toujours d'être
humble, observateur, à l'écoute,
loin d'une facilité entretenue par
des certitudes ou des théories censées
admises par tous. Cet article, certes rébarbatif
lors de la première lecture, peut servir
de base de réflexion. Il émane
de mon seul "pôle d'enseignement",
dans un secteur géographique restreint.
Il ne se prétend donc pas être
une base d'élargissement ou de généralisation.
Cependant, il démontre que les idées
reçues mentionnées plus haut
ne doivent pas non plus, et cela même
si elles s'avéraient vérifiées
par des données aussi rigoureuses que
celles de cette étude, être retenues
comme vérité universelle.
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